Jeudi 06 juillet 2023
SAUVETAGE DE CREDIT SUISSE – QUEL IMPACT SUR LES PRODUITS STRUCTURES ?
Mercredi 15 mars dernier, suite à la déclaration du premier actionnaire de Credit Suisse, l’action de la banque a chuté de 24,24%, clôturant à 1,697 franc suisse.
Le 12 juin suivant, les actions de Credit Suisse ont été retirées des bourses de Wall Street et de Zurich alors que leur cour s’élevait à 0,817 franc suisse, soit une baisse de plus de 60% depuis l’annonce de la Saudi National Bank.
La valeur des Credit Default Swap (CDS) à 5 ans, prix à payer pour se protéger contre un défaut de Credit Suisse, a quant à elle bondit de près de 200% en un jour (de 423,97 à 1266,59).
Le rachat par UBS a permis d’éviter le non-remboursement des produits structurés émis par Credit Suisse et de rassuré les investisseurs. Aussi, le prix de ses CDS est redescendu aux environ de 100 franc suisse, une valeur plus faible que celle de mi-mars de 76,38%.
Ce « risque émetteur », caractéristique commune à toutes les obligations, avait été mis en lumière par la faillite de Lehman Brothers. Le sauvetage de Credit Suisse démontre donc que le secteur bancaire a tiré des leçons de la crise de 2008.
Le 12 juin, UBS a officiellement racheté Credit Suisse, au bord de la faillite, pour 3 milliards de francs suisses. C’est la plus grande acquisition dans le monde de la banque depuis la crise financière mondiale de 2008.
La fusion des deux maisons aboutit à la création d’une banque d’investissement qui compte plus de 300 ans d’expérience bancaire combinée et gère 5 000 milliards de dollars d’actifs investis, sept fois plus que le PIB de la Suisse. C’est le début d’un chapitre historique pour le Groupe UBS qui confirme sa position parmi les leaders des banques d’investissement en devenant l’unique banque de référence en Suisse et le troisième gestionnaire d’actifs dans le monde.
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L’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), la Banque Nationale Suisse (SNB) et la Confédération suisse ont toutes soutenu cette opération, qu’elles estiment être la solution la plus efficace pour à la fois protéger les épargnants et éviter une crise financière internationale.
Mais cette fusion se fera dans la douleur. En effet, cette officialisation juridique marque le début d’une phase d’intégration des lignes métier Credit Suisse au sein d’UBS et ce grand chantier suscite l’inquiétude des responsables politiques quant à la disparition de milliers d’emplois en Suisse. Sergio Ermotti, le patron d’UBS, a lui-même annoncé que des décisions difficiles devront être prises.
Enfin, la future mégabanque va également hériter des récents déboires de Credit Suisse à l’image de la lourde amande qu’UBS devra sans doute payer dans l’affaire Archegos.
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La faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) et la débâcle de Credit Suisse présentent des similitudes avec la faillite de Lehman Brothers précédée par la faillite d’autres banques. En effet, en 2004, la Réserve fédérale a relevé plusieurs fois ses taux ; une politique monétaire similaire à celle prévalant en Europe et aux États-Unis ces derniers mois. La crise de 2008 était la conjugaison de plusieurs facteurs – dont des hausses des taux répétées – et a mis en évidence une défaillance dans la réglementation financière existante.
Si des mesures ont été mises en place, elles n’ont pas suffi à éviter le chaos financier de ces derniers mois. En effet, beaucoup estiment que le bank run de la SVB aurait pu être évité si elle avait dû passer des tests de résistance bancaire – dits stress tests – ou si elle avait été contrainte de respecter les normes prudentielles de Bâle III. La chute de Credit Suisse montre donc que le passage avec succès des stress tests – qui dans les faits se concentrent principalement sur la qualité des actifs – n’est pas une garantie suffisante.
Dans le même registre, les règles édictées après 2008 et intégrées dans la législation européenne n’ont pas été respectées par l’ex-seconde banque suisse. Ainsi, si le cadre
réglementaire a été considérablement renforcé depuis la grande crise financière, la supervision n’est pas encore totalement effective.
Par ailleurs, dans l’ordre des choses, ce sont normalement les actionnaires qui sont les premiers à absorber les pertes en cas de restructuration, avant les détenteurs d’obligations censés être mieux protégés. Or dans le sauvetage de Credit Suisse par UBS, les autorités helvétiques ont prévu que les détenteurs de cette dette subordonnée – AT1 – ne seraient pas remboursés alors que les actionnaires de Credit Suisse s’en sortent mieux en pouvant convertir leurs actions en titres UBS.
Enfin, la solution de sauvetage de Credit Suisse rompt de fait avec le « too big to fail » ; concept selon lequel si de très grandes banques rencontrent des problèmes alors les pouvoirs publics sont contraints de les aider. En effet, les autorités ont préféré cette fois l’émergence d’une banque de taille encore plus importante.
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Avant le 15 mars, Credit Suisse émettait ses produits structurés via deux véhicules : Credit Suisse AG LDN et Credit Suisse International. Ils demeurent pour le moment les véhicules d’émission de produits structurés de la banque. A noter que les agences S&P et Fitch ont upgradé leur notation à A et A+ respectivement.