Lundi 14 décembre 2020
Deal or No-Deal…
Le 31 décembre 2020, les Britanniques devraient cesser d’appliquer les normes européennes.
Mais comme les parlements respectifs doivent d’abord ratifier l’accord – et compte tenu des points qui restent en litige – il a finalement été décidé de poursuivre les discussions.
En effet, depuis quatre ans et demi, Londres cherche à mener la négociation pour diviser le camp européen et tenter d’obtenir des arrangements lui permettant de retrouver sa souveraineté pleine et entière – tout en maintenant un accès privilégié au marché unique européen, dont il dépend pleinement.
Les sujets principaux restant sur la table sont :
– la pêche : un accord pourrait cependant être trouvé, notamment sur la durée d’une période pendant laquelle serait maintenu l’accès des pêcheurs européens aux eaux britanniques.
– les règles de concurrence : les conditions futures de concurrence équitable sont difficilement concevables dans le concret. Un ensemble de règles sociales, environnementales, et même en matière d’aides d’Etat devrait être mis en place – ce qui semble cependant délicat en matière d’exigence de la souveraineté britannique.
– le mécanisme de respect des litiges.
Plusieurs conséquences se font déjà sentir
Un divorce brutal risquant d’entrainer le rétablissement de coûteux droits de douanes, les Britanniques ont décidé de faire du stock !
Aussi, depuis plusieurs semaines, le trafic de poids lourds a bondi dans le Pas-de-Calais.
Les transporteurs qui travaillent avec la Grande-Bretagne depuis une trentaine d’années relatent n’avoir jamais connu de tels volumes et les chauffeurs se disent excédés par les embouteillages et les intrusions de migrants qui en profitent pour tenter de monter dans les remorques.
Selon la préfecture, plus de 8000 camions franchiraient aujourd’hui la Manche chaque jour dans chaque sens, contre 6000 en moyenne habituellement.
Il s’avère que dans les faits, de nombreuses entreprises européennes n’ont pas encore intégré la nécessité de mettre à jour les formalités douanières pour commercer avec le Royaume-Uni après le 1er janvier prochain.
Et concrètement, cela signifie que les quelques cinq millions de poids lourds qui traversent chaque année la Manche devront présenter des documents avant de pouvoir franchir le tunnel ou emprunter des ferries entre la Grande-Bretagne et le continent.
Pour exemple, quelque 100.000 entreprises françaises commercent aujourd’hui avec le Royaume-Uni mais comme on est en libre échange, on ne connaît pas les conséquences réelles de la mise en œuvre et de l’application de telles mesures.
Côté britannique, le Premier ministre Boris Johnson s’est dit prêt à l’option du « no deal », assurant que cela n’empêcherait pas le Royaume-Uni de prospérer et de nouer des accords avantageux avec de nombreux pays dans le monde.
Mais même en cas d’accord sans droits de douane ni quotas, les entreprises seront soumises à de nouvelles procédures administratives chronophages et à de nouveaux contrôles qui freineront les déplacements.
Pour essayer de palier à la situation, un centre d’opérations va être mis en place, et ce afin de contrôler les mouvements des biens et des personnes à la frontière. La construction de dix vastes parkings pour camions dans le sud de l’Angleterre a également été lancée pour une meilleure gestion du trafic.
Un soutien des US ?
Boris Johnson comptait sur Donald Trump pour parvenir à un accord de libre-échange avantageux en marge de ses déconvenues avec Bruxelles, mais l’élection de Joe Biden change la donne, et notamment sur les dispositions spécifiques à l’Irlande du Nord.
Car en effet, ce dernier – ayant des racines irlandaises – a tout de suite prévenu qu’il n’y aurait pas d’accord commercial si Londres mettait en danger l’accord de paix dans la province britannique.
Au-delà de cette question, le Royaume-Uni et les États-Unis vont néanmoins très certainement pouvoir se rapprocher sur un grand nombre de sujets comme la Chine, l’Iran, la Russie ou le changement climatique… de plus n’oublions pas que la Grande-Bretagne doit accueillir la conférence sur le Climat, à Glasgow, en novembre 2021.
Vers un apaisement dans les négociations
Au milieu du tumulte, et pendant que les échanges se poursuivent, le Royaume-Uni s’affaire vivement à créer des opportunités et de nouvelles stratégies commerciales :
– En décidant notamment d’assouplir sa quarantaine pour les hommes d’affaires, cadres dirigeants, investisseurs, sportifs de haut niveau, journalistes et autres catégories d’indépendants, …
– En mettant en place depuis 2019, des accords de libre-échange avec bon nombre de pays, dont certains ont été signés récemment : Japon, Canada, Egypte, Singapour, Vietnam…
L’ambiance reste donc encore studieuse et tendue à quelques semaines du Brexit… Il est évident que rien n’est encore figé et que les négociations peuvent encore évoluer favorablement sur les sujets litigieux ainsi que pour la mise en place des mesures permettant une certaine fluidité dans le commerce, les transactions, la logistique, etc…
Il s’avère qu’un accord même imparfait serait bien plus favorable à chaque partie et que les dirigeants respectifs l’ont bien compris.
Après une année 2020 déjà marquée par la crise de la Covid-19, espérons donc maintenant une coopération réelle et concrète entre le Royaume-Uni et les autres états-Européens !
Propositions
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