Dimanche 20 mars 2022

Nouveaux horizons pour le secteur de la défense

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Commençons par cette citation, qui illustre assez bien la situation actuelle sur les marchés boursiers : « Ainsi les derniers seront premiers, et les premiers seront les derniers. » – Evangile selon Matthieu.

A l’évidence et comme lors de la pandémie, la guerre en Ukraine a permis de mettre en avant plusieurs insuffisances eu Europe, notamment militaires et a fait naître ou redynamiser des marchés inexistants ou en déclin, comme par exemple celui des abris antiatomiques.

En effet, la France se place comme le deuxième pays qui compte le plus de réacteurs nucléaires derrière les Etats-Unis, en revanche c’est le pays qui prépare le moins sa population à un incident nucléaire majeur avec un taux de protection de la population proche de 0%. En guise de comparaison, la Suisse a un taux de protection proche des 100% de la population.

Plus généralement, c’est tout le secteur de la défense qui tire son épingle du jeu en ses temps de conflits géopolitiques.

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Pourquoi investir dans la défense :

  • La guerre en Ukraine a permis d’identifier quelques faiblesses en Europe, notamment liées à la défense et à la sécurité
  • Un budget destiné à la défense en hausse depuis 2017, suite au désinvestissement massif en 2009, dû à la crise financière.
  • La prise de conscience de la part de l’Europe sur la nécessité d’accroitre ses moyens militaires face aux menaces de plus en plus nombreuses (cyberattaques, terrorisme, guerre) et a une demande accrue pour plus de sécurité.
  • L’objectif de l’OTAN d’atteindre les 2% du PIB de chaque pays membres de l’organisation consacré aux dépenses militaires.

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Conséquences de la crise ukrainienne sur les marchés

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Les dividendes de la paix déclinent …

Entre le 10 novembre 2021 – date à laquelle Washington a demandé des explications à la Russie concernant des mouvements de troupes inhabituels à la frontière ukrainienne – et ce mois de mars 2022, les principaux indices boursiers affichent pratiquement tous un repli plus ou moins marqué.

A titre d’exemple, mardi 8 mars 2022, aux Etats-Unis, le S&P 500 a perdu 3%, le Nasdaq, riche en valeurs technologiques, s’est enfoncé de 3,75%. En France, l’indice parisien a clôturé sur une baisse relativement modérée de 1,3%, après avoir perdu près de 5% au pire de la séance. L’indice VIX, a fini par décaler fortement à la hausse, pour atteindre plus de 36 points, un niveau proche du pic atteint en octobre 2020, en pleine crise du covid 19.

Face à cette dégradation quasi généralisée des marchés, également affectés par la vague du variant Omicron, les entreprises spécialisées dans la défense ont dans le même temps surperformé. Ci-dessous, un tableau qui illustre la performance dite « year to date » (performance calculée entre le 31/12/2021 et le 18/03/2022), des entreprises spécialisées dans la défense.

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… Pour laisser la place à de nouvelles opportunités

Dans un monde de plus en plus numérisé et vulnérable aux cyberattaques, le besoin en cyber-défenseurs est énorme en France comme dans le reste du monde et la guerre russo-ukrainienne ne fait que confirmer la pénurie de compétences.

De plus, l’environnement de menaces accrues a permis d’exercer une pression à la hausse sur les perspectives de dépenses de défense des membres de l’OTAN. Cette situation profite clairement aux fournisseurs de défense européens et américains.

En effet, plusieurs pays européens ont déjà exprimé leur souhait d’investir davantage dans la défense. A titre d’exemple, le 11 février, la Finlande a scellé l’achat de 64 avions de combat F-35 au spécialiste de l’armement américain Lockheed Martin. Montant de la transaction : 9,4 milliards de dollars. – Nous pouvons également citer le président français, Emmanuel Macron, « Notre défense européenne doit franchir une nouvelle étape, je réunirai les 10 et 11 mars prochains à Versailles les chefs d’Etat et de gouvernement européens ». – L’Allemagne a débloqué des budgets majeurs pour moderniser un appareil militaire obsolète. La Suède, le Danemark, l’Autriche suivent le pas.

Tous agissent dans un même but : rattraper le temps perdu et atteindre d’ici quelques années l’objectif de l’Otan de consacrer 2% du PIB de chaque états membres de l’organisation, aux dépenses militaires.

Ainsi, selon l’étude « Perspectives de l’industrie aérospatiale et de la défense 2022» du cabinet international Deloitte, les dépenses militaires mondiales ont atteint 1980 milliards de dollars en 2020. Elles devraient augmenter d’environ 2,5% cette année.

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Thales : nouvelle valeur défensive.

Longtemps délaissées en Bourse sur fond de montée en puissance de la gestion des actions ESG (environnement, social et gouvernance), les valeurs les plus exposées à la défense ont fait l’objet d’un brutal retour, avec la guerre en Ukraine. Le titre Thales s’est ainsi envolé de 53% en l’espace d’à peine trois semaines. L’entreprise française est spécialisé dans l’aérospatiale, la défense, la sécurité et le transport terrestre.

En effet, tout d’abord sur une dynamique haussière à l’ouverture de la Bourse de Paris du lundi 28 février, Thales s’apprécie de 13% et se hisse à la première place du classement des plus fortes hausses du SRD, devant Dassault Aviation (+10%), le constructeur des avions de combat Rafale.

L’activité a été portée par la division défense et sécurité qui représente 53% des ventes totales du groupe Thales, qui reste la plus dynamique et la plus profitable de ses branches.

Aussi, JP Morgan anticipe désormais un taux de croissance moyen de 8% par an pour les ventes de Thales au cours des 4 prochaines années, contre 4% auparavant.

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La prise de conscience.

Le désinvestissement massif dans la défense après la chute du Mur, les fameux « dividendes de la paix », ont fait des ravages sur l’outil de défense.

Malgré une remontée en puissance du budget militaire depuis 2017 de l’ensemble des états de l’OTAN, les forces Européennes apparaissent insuffisamment armées face à la menace de conflits de haute intensité, comme en Ukraine.

Ci-dessous, les graphiques nous illustrent bien cette tendance : on observe un recul de 15% sur l’ensemble du budget défense entre 2009 et 2016 suite à la crise des « subprimes » de 2008-2009.

Puis, au vu d’une situation tendue en Asie, et au Moyen-Orient, nous observons une prise de conscience à partir de 2017. Ainsi, nous constatons une croissance positive de la moyenne de la part du PIB par pays consacrée au budget défense (+26%), qui va retrouver son niveau d’avant la crise financière à partir de 2019.

Bien qu’insuffisant, ce chiffre traduit tout de même une motivation à investir davantage dans la défense et les technologies innovantes.

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L’Europe se mobilise

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Les 27 pays de l’Union Européenne se réunissaient les jeudi 10 mars et vendredi 11 mars, pour réfléchir et agir face à la guerre en cours en Ukraine et à ses conséquences pour l’Union européenne, sur le plan économique, énergétique ou encore sécuritaire et élaborer une stratégie commune.

Incontestablement, la guerre va coûter cher aux européens, tant dans le soutien économique des ménages, que dans les dépenses liées à l’accueil des nombreux réfugiés ukrainiens, les conséquences dues au choc énergétique ou encore la nécessité d’accroitre davantage le budget de défense.

En effet, l’agressivité de Vladimir Poutine oblige les européens à accroitre leur budget de défense. Les états membres de l’OTAN dépense en moyenne 1,82% de leur PIB dans l’armée. Ce chiffre varie en fonction des pays (voir tableau ci-dessus).  Le sommet entre les chefs des états européens, devrait inciter à remonter ce chiffre à 2% (tel est l’objectif de l’OTAN).  

Depuis le réveil de certains pays européens comme l’Allemagne sur leur l’insuffisance militaire, les annonces d’envois d’armes à l’Ukraine à et de déblocages de fonds se sont multipliées.

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Conclusion :

« Il y a un énorme rattrapage capacitaire à effectuer. Il faut à la fois compenser les années de désinvestissement, et préparer l’avenir. », estime Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation.

A priori, si l’issue politique du conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine est aujourd’hui plus qu’incertaine, ses vainqueurs économiques semblent déjà tout désignés.

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L’équipe EAVEST

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