Jeudi 15 décembre 2022
Commission Conseils en Finance d’Entreprise
Commission Conseils en Finance d’Entreprise
3er Quadrimestre 2022
Inflation, difficultés d’approvisionnement et de recrutement, remboursement des PGE, trésorerie…
LA VISION DES METIERS Finance d’Entreprise de l’ANACOFI sur cette fin d’année 2022 et le début de 2023.
Décidément, la vie n’est pas un long fleuve tranquille pour les chefs d’entreprise. Après le covid qui a vu la mise sous cloche de l’activité économique et la mise en place des diverses « perfusions », nous avons vécu une année 2021 de bonne facture mais dès le début 2022 nous avons entendu les premières inquiétudes chez les chefs d’entreprises, confirmées et accentuées tout au long de l’année que nous venons de vivre. Cette succession de chocs imprévisibles et non modélisables a usé les équipes dirigeantes et on retrouve cette sensation de lassitude dans l’étude de BPI Le LAB REXECODE, où près d’un dirigeant sur deux (47%) pense céder dans les 5 prochaines années avec un prix conforme au marché. Usure passagère, mouvement de fond ou surréaction liée au contexte … Bien que l’incertitude conduise souvent à des positions de replis, gageons qu’une fois de plus les chefs d’entreprises conserveront leur dynamisme et leur optimiste pour affronter 2023. D’ailleurs, les 10 membres de la Commission Finance d’Entreprise, qui rencontrent à eux seuls quelques centaines de chefs d’entreprise par an relèvent la dichotomie entre ce que nous entendons actuellement des chefs d’entreprises et les prévisions pour 2023. Majoritairement nous voyons des entrepreneurs qui nous disent avoir des carnets de commandes plutôt remplis, qui tentent de faire du « fine tuning » avec les hausses de prix de matières premières, et que leurs principaux problèmes restent le niveau de trésorerie et le recrutement, sujet très épineux pour la quasi-totalité d’entre eux. Ces décalages entre les visions micro et macro nous laissent quelques espoirs mais sont aussi la résultante des effets « longue traine » des bons chiffres 2021 et de certaines aides (PGE notamment) pas encore totalement remboursées. Dans ce contexte que pensent les membres de la commission et notre invité Laurent MOISSON des FFI (Forces Françaises de l’industries.)
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Laurent présentez-nous en quelques mots les FFI et votre vision de cette fin 2022 et début 2023 :
Les Forces Françaises de l’Industrie (FFI) sont un mouvement d’entrepreneurs et d’investisseurs qui s’engage pour la réindustrialisation de la France et la valorisation des métiers de production. Ce mouvement est composé :
- D’un club de 600 membres et présent dans 15 villes,
- De structures d’investissement thématiques et d’un accélérateur de PME qui a déjà 30 PME et organise des sessions de pitchs entre entrepreneurs et investisseurs tous les mois. Plus de 5 M € ont été ainsi levés ces 15 derniers mois.
- De structures d’influence dont un média à forte audience sur les réseaux sociaux, « Les Déviations », qui crée des vocations dans les métiers en tensions en racontant l’histoire de gens qui changent de vie.
Notre objectif est de devenir le principal réseau
d’accélération de PME Made in France afin de faire de la France une PME Nation (… il n’y a pas que les starts up dans la vie !)
2023 s’annonce charnière pour la reconquête
industrielle :
Le gouvernement, les acteurs économiques locaux et internationaux ont déclaré leur intérêt pour le sujet et d’importants plans de relance ont été annoncés ou sont à l’étude. La législation française, longtemps peu conciliante, s’assouplit considérablement pour mieux accueillir des unités de production sur notre sol. Par ailleurs le grand public et les entreprises ont pris conscience de la nécessité de retrouver un certain patriotisme économique et un approvisionnement en circuit court dans leur consommation, ce qui va dynamiser la production française…. alors que des menaces comme les pénuries de pièces détachées, de matières premières et l’envolée des coûts de l’énergie planent sur la fragile reprise industrielle. Il est trop tôt pour savoir qui des opportunités ou des menaces seront les plus fortes à court terme, mais une chose est sûre : l’Industrie sera de retour dans nos territoires à moyen et long terme.
Après cette présentation, les membres de la Commission donnent leurs visions de l’actualité économique dans chacune de leurs spécialités.
Au niveau de la fusacq, les cabinets COFINGEST,
EMERGEANCES et RESOLVYS notent une phase
d’adaptation des dossiers cédants qui ont débutés les processus de vente sur des valorisations basées sur les chiffres 2021 et qu’il va falloir sûrement revoir à la baisse. Cet effet conjugué avec la hausse des taux et des conditions d’octroi plus resserrées va « nettoyer » le marché des dossiers tendus et risqués. Le dégonflement la bulle « prix de cession » est finalement assez sain et nous allons revenir à une approche « valeur-business model – BFR » où le risque à un vrai prix. Plus localement, en Poitou Charentes et en Pays de Loire et notamment en VENDEE, département très marqué par un fort dynamisme économique, le constat général est le même avec une problématique récurrente liée à la difficulté à recruter dans des régions où il est très difficile de trouver un logement. L’activité reste soutenue même si on note dans plusieurs secteurs d’activité un ralentissement depuis septembre comme dans la construction ou les travaux publics. Les perspectives sont plus compliquées dans un contexte où l’inflation et notamment le prix de l’énergie et des matières premières pénalisent la rentabilité. A noter d’ailleurs que les établissements bancaires et financiers intègrent aujourd’hui dans leur analyse de risque, les dates de renouvellements de contrats de gaz et d’électricité. La nécessité pour les grands donneurs d’ordres de soutenir leur écosystème de sous-traitants est de plus en plus essentiel. Par la mise en place de solution de Reverse factoring, les grands acheteurs, permettent ainsi d’apporter des solutions de crédit à des taux d’intérêt plus faible, sans impact sur le ratio d’endettement des fournisseurs.
En matière de levée de fonds, Edouard SEGUIN de PIMENT & Co, nous informe que si les fonds d’investissement sont toujours présents et actifs à regarder des dossiers, ils sont nettement plus sélectifs. Les levées de fonds concernent des entreprises qui ont déjà trouvé leur marché, sont in bonis mais ont besoin de fonds propres pour financer leur développement industriel et commercial. Concernant les start-ups, il est impératif qu’elles aient amorcé un premier cycle commercial et qu’elles puissent générer un rendement important et rapide. Les investisseurs ne « paient plus pour voir » comme les années précédentes. En somme, il y a toujours possibilité de lever des fonds mais l’accès est plus restreint que précédemment et plus coûteux (surtout l’obligataire et les montages hybrides).
Au niveau de l’épargne salariale et de la
retraite, notre spécialiste Guy COHEN, précise que la grande actualité du secteur est la prochaine présentation par le 1er ministre Elisabeth BORNE de son plan de réforme de la retraite le 15 décembre 2022. Nous en connaissons les grandes lignes : Le décalage de l’âge légal du départ à la retraite à 65 ans sera progressif par ajout de 4 mois jusqu’à 2031. La suppression des régimes spéciaux pour les nouveaux agents de la RATP et de la Banque de France.
Julien DRAY de UNCONFLICTED MANAGEMENT basé à PARIS, fait remarquer un net ralentissement des dossiers de cession, les vendeurs souhaitant cristalliser les transactions aux multiples de l’année dernière, tandis que les acquéreurs notent la baisse des multiples de sociétés cotées et baissent le niveau de valorisation de leur offre. Unconflicted Management, comme beaucoup de ses confrères, réoriente son activité vers les restructurations, avec un accroissement des sociétés en difficulté, les plans de soutien pendant le Covid ayant eu pour effet de retarder la mise en place de solutions pérennes.
Pour ce qui concerne le financement du cycle
d’exploitation, Ludovic SARDA de PYTHEAS CAPITAL estime que les besoins de financement court terme des entreprises repartent à la hausse après 2 années atones et ce lié aux aides gouvernementales COVID. L’inflation, les tensions sur les matières premières et la nécessité de rembourser les PGE, sont autant de facteurs qui créent aujourd’hui des besoins forts de trésorerie pour les entreprises. La croissance forte des taux intérêt vient cependant assombrir le tableau. En effet, la charge d’intérêt augmente considérablement, ce qui va rendre le pilotage des changes financières complexes pour les PME et ETI. L’instauration d’une « assurance salaire » pour les retraités de plus de 55 ans qui souhaitent continuer à travailler, et qui retrouvent un emploi moins bien payé que le précédent. Cette mesure à retenue l’attention de Guy COHEN car elle pourrait avoir un impact positif sur le recrutement des PME.
Chez EAVEST, spécialiste des produits structurés, Nathalie DESSAUX et Franck MAGNE soulignent que dans ce contexte particulier, les dirigeants sont d’autant plus vigilants quant à la gestion de leur trésorerie d’entreprise. Ils privilégient le caractère de liquidité, mais également sont à la recherche d’un support leur offrant des garanties et une performance supérieure aux solutions traditionnelles. EAVEST constate un engouement des chefs d’entreprise pour les produits structurés à capital garanti qui réunissent ces objectifs en offrant une rémunération certaine.
Concernant les activités de couverture de change et de taux d’intérêts, Sébastien ROUZAIRE de KERIUS Finance, spécialisé en gestion et couverture des risques financiers, note que l’activité des entreprises est très forte en ce qui concerne la couverture des risques de change et taux d’intérêts. Devise et courbes de taux Euribor ont subi ces derniers mois des mouvements violents : dollar US et Franc Suisse ont atteint des records à la hausse, Livre Sterling et Yen japonais à la baisse ; quant aux taux d’intérêts liés aux financements en euros, ils ont subi et subissent toujours de très fortes variations en lien avec l’inflation et les politiques restrictives des banques centrales, qui induisent une volatilité très significative d’un jour à l’autre, et au global une hausse très sensible des taux de financement depuis un an. Les enjeux liés aux couvertures sont accrus pour les entreprises de toutes tailles, exportatrice, importatrices ou endettées à taux variable.
Suite à ces réflexions par métiers, nous avons assisté à une seconde présentation, celle de TRANSEO.
TRANSEO, fondée en 2010 à l’initiative du gouvernement WALLON, est une association à but non lucratif, soutenue par SOWAFIN. Elle regroupe en EUROPE des experts de la transmission et de l’acquisition de PME à partir de 2 M de CA. TRANSEO met en relation des experts, développe des bonnes pratiques et les connaissances sur ce marché qui est de plus en plus transfrontalier. C’est Hugo BOVESSE qui est intervenu en visioconférence en direct de LIEGE pour nous détailler le TRANSEO DEAL CLUB, Le TRANSEO SUMMIT, la TRANSEO ACADEMIE … Un grand merci à Hugo et TRANSEO pour le dynamisme, les connaissances et les contacts qu’ils nous apportent.
Enfin et pour clôturer cette journée riche en débats, réflexions et interventions nous avons souhaité évoquer en quelques mots l’inflation qui pèse sur les entreprises.
Tout d’abord nous remarquons que ses origines sont différentes aux USA et en EUROPE. Fruit de la surchauffe de l’économie aux Etats Unis, elle est largement importée en EUROPE. Plus en détail la France reste un des pays Européens où l’inflation est la plus basse, bien aidé par les plans et aides des pouvoirs publics qui adoucissent la sensation de montée des prix. Au travers de nos rencontres avec les chefs d’entreprises, ils s’attendent à une année 2023 où l’inflation va perdurer, alimentée par les hausses de prix des matières premières et les augmentations de salaires nécessaires pour compenser la perte de pouvoir d’achat. Au niveau de la BCE, le resserrement de la politique TLTRO, va contribuer à la baisse de l’inflation mais va de pair avec un ralentissement de l’économie et une hausse des taux d’emprunt. Après avoir évité la destruction créatrice « Schumpétérienne » lors de la crise du covid, va-t-on connaitre une année 2023 « black swan » où les vainqueurs seront les entreprises qui ont su gérer leur cash ! Nous vous donnons rendez-vous à la fin du 1er quadrimestre 2023 pour refaire un point d’étape dans chacun de nos métiers.
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EN SYNTHÈSE
La Finance d’entreprise regroupe différents segments d’activités et nous voyons bien au travers des remarques de nos experts que le premier quadrimestre a été vécu différemment selon les métiers et le type de conseil apporté aux chefs d’entreprise. Début septembre, profitant des réflexions des universités d’été de l’ANACOFI, nous présenterons notre seconde note de conjoncture enrichie des commentaires de nos experts.
Qui sommes-nous ?
Créée en 2004, l’ANACOFI est la plus importante
association professionnelle des entreprises de conseil en banque, finance, courtage et assurance. A ce titre elle a relancé sa section Finance d’Entreprise depuis 2 ans. La section Finance d’Entreprise de l’ANACOFI forte de ses 250 structures adhérentes à ce jour, riche de compétences multiples, peut accompagner le chef d’entreprise sur l’ensemble de ses besoins à court, moyen et long terme. Nos adhérents sont présents partout en France et les DOM TOM.
A l’ANACOFI, votre confiance est notre raison d’être.
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